vendredi 1 mai 2020

Souvenirs "bien mûrs" (2015) le 30 avril 2020

  Jeudi pluvieux, rando doublement annulée, aussi comme promis, je vous embarque dans un de mes souvenirs d'enfance à la campagne.
Après la cueillette des fraises, des framboises, des groseilles dans les jardins, une fois que les ouvriers de la 'Peuge' avaient repris le travail, avant le ramassage des prunes pour la goutte, celui des patates pour l'hiver et avant la rentrée des classes, en gros fin août début septembre, venait l'expédition pour la cueillette des mûres.
  Dès ma plus tendre enfance, avec maman les premières années, puis très vite seulement les 'grands' avec en charge la marmaille, de bon matin, chapeautés, chaussés de bottes, vêtus de vieux vêtements bariolés (de vrais épouvantails) à cause des chasseurs, il fallait même veiller à se faire entendre, chanter plutôt crier à tue-tête, équipés chacun d'un petit bidon sans oublier le seau à traire avec au fond une bouteille d'eau et quelques pommes, nous partions pour remplir notre mission avant l'arrivée des guêpes très friandes de ces fruits gorgés de sucre.
Toutes les routes mènent à Rome, le plus court chemin étant la droite ligne nous l'adoptions d'emblée pour gagner un peu de temps. Nous voilà partis pour l'aventure : depuis la ferme, à travers les pâtures, il y avait quantité de barbelés à franchir pour gagner l'orée du bois, trouver le passage secret des animaux sauvages, l'emprunter et le suivre jusqu'en bas de la colline, par grande chaleur faire attention aux vipères. Par endroits, la pente est si abrupte que nous en descendons une partie assis sur les fesses en nous agrippant à tout ce que nos petites mains peuvent saisir pour éviter un roulé boulé. Tout en bas, nous débouchons sur une jeune sapinière, les premières années le passage est facile, mais au fur et à mesure les branches prennent de l'ampleur, nous chatouillent et nous griffent obstruant presque tout passage. Pas le choix, continuer le plus droit possible pour gagner le chemin qui serpente en son milieu, se compter et pousser un grand ouf, nous n'avons perdu personne. Maintenant suffit de prendre à gauche, traverser la pâture de la combe des Maîs et remonter en face sur le Genevrot, les communaux du village. Un peu les alpages à la campagne pour les génisses qui prennent là leurs quartier d'été, alimentées par une eau de source et de l'herbe à volonté enrichie par des pierres à sel.
  Sur plusieurs hectares, un grand pâturage avec des buissons des ronciers et des mûriers. Nous sommes rendus. D'abord trouver un arbre repère pour y déposer le seau à traire, se munir d'un bâton au cas où (toujours se méfier de ces jeunes bêtes), attacher notre petit bidon autour de la taille avec une ceinture afin de libérer les 2 mains pour une cueillette plus aisée et plus rapide. C'est parti pour au moins 2 bonnes heures. Pas de montre mais nous entendrons la cloche de l'église égrener les heures et de toute façon c'est le seau plein qui donnera le top départ pour rentrer.
   Tu en trouves ? juste le fond, moi la moitié, moi aussi, mais change de place, n'aie pas peur de t'enfoncer un peu dans le buisson pour cueillir les plus belles qui sont forcément inaccessible de prime abord, vient vers nous, surtout ne commencez pas d'en manger hein les garçons sinon ça prend du retard, et arrêtez de vous chamailler, un seau plein, puis deux... on vide, on boit un coup et on repart de plus belle, on s'encourage, le niveau monte, encore un effort, faut se déplacer plus loin, le seau avec nous pour éviter les allers/retours, attention à ne pas le renverser, tenir bon ça va le faire, ça l'a toujours fait... Un grand bravo à tous, même pas midi, le summum les petits bidons aussi sont remplis, c'est maman qui va être contente !
   On grignote la pomme sur le chemin du retour, idem jusqu'à la combe des Maîs ensuite impossible d'emprunter le même passage donc nous remontons par celui plus long mais plus praticable des troupeaux jusqu'au niveau de l'auge où de nouveau nous coupons à travers les pâtures avec en ligne de mire la maison. Chemin faisant, de nombreuses pauses ont été nécessaires, le seau pesait au bout de nos petits bras, il a changé régulièrement de mains, le mouvement de balancier a tassé les mûres récoltées, aussi il faut trouver à en grappiller encore quelques unes avant de rentrer.
   Un dernier coup de collier, nous y voilà, une bonne soupe est la bienvenue. Pour les filles la journée n'est pas finie, il faudra se relayer et tourner... l'anse du moulin à légumes équipé du petit tamis pour récolter un maximum de jus et réaliser une gelée de mûres qui fera notre bonheur pendant les longs mois d'hiver. La récompense du jour, à 4h une grande tartine de mousse de fruits écumée juste avant la mise en pots. C'était une journée de nos vacances d'été à la campagne au siècle dernier.
  Bon weekend du 1er mai à vous tous, peut-être arrosé mais les jardins sont contents.
Michèle













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